La gestion du développement forestier en Eeyou Istchee

La forêt, sa gestion et son exploitation, ont toujours été le principal sujet de préoccupation des Cris, en particulier pour les communautés cries méridionales situées à l’intérieur de la zone d’exploitation commerciale. Ces activités commerciales présentent un défi pour le Gouvernement de la Nation Crie. Si elles ne sont pas contrôlées, ces activités peuvent avoir des répercussions indésirables sur le paysage, les terrains de trappage cris et sur la capacité des Cris de mener un mode de vie actif.

Depuis la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ) en 1975, l’exploitation commerciale des forêts a été considérée comme une activité inoffensive en raison de la présomption de renouvellement continu des forêts. Cela se reflète dans diverses dispositions ambiguës au chapitre 22 de la CBJNQ qui exemptent certaines activités forestières (p. ex. les chemins forestiers) du processus d’évaluation environnementale. Pendant des années, cette considération ambiguë de l’exploitation commerciale a mené au développement d’une industrie forestière d’une valeur de plusieurs millions de dollars en Eeyou Istchee. À son apogée au milieu des années 1990, les compagnies forestières dans la région récoltaient plus de 5 millions de mètres cubes de bois provenant des terrains de trappage cris, et ce, chaque année.

Régime forestier adapté

Nos forêts sont en péril

En prévision d’une récolte accrue, les utilisateurs cris du territoire ont commencé à soulever des préoccupations au sujet de l’impact et de l’envergure de l’exploitation commerciale de la forêt sur leurs terrains de trappage et leurs activités traditionnelles. Dans les cas les plus extrêmes, des terrains de trappage cris ont perdu plus de 60 % de leurs forêts productives à la coupe à blanc. En réponse à cette situation, les leaders politiques cris ont entamé une poursuite d’un milliard de dollars contre l’industrie forestière et les gouvernements du Québec et du Canada. De plus, cette contestation judiciaire a été accompagnée d’une campagne internationale de relations publiques visant à informer un vaste public sur la façon dont l’industrie forestière affectait le mode de vie des Cris.

Reprendre notre mode de vie

En fin de compte, cette question a été réglée avec la signature de la Paix des Braves en 2002. L’entente signée par les Cris et le Québec a créé le régime forestier adapté dont les objectifs sont de fournir une plus grande considération pour le mode de vie traditionnel des Cris et le développement durable. Il s’agit principalement d’établir des paramètres stricts sur le moment, l’endroit et l’ampleur de la récolte forestière permise, qui fait suite à un processus de consultation approfondie avec les utilisateurs cris du territoire et les planificateurs forestiers.

La réflexion prospective

Quinze ans après l’introduction du régime forestier adapté, la récolte forestière commerciale annuelle en Eeyou Istchee a été réduite de plus de 50 % par rapport au niveau de récolte à son apogée. Malgré cette réussite, la Nation Crie et le gouvernement du Québec continuent de collaborer pour peaufiner le régime forestier adapté pour tenir compte de nouveaux défis tels que l’intégration des aires protégées dans le cadre de la forêt commerciale et la gestion du caribou forestier, une espèce en voie de disparition. Le plus important nouveau défi pour les parties sera de profiter de la possibilité prévue dans l’entente sur la gouvernance avec le Québec pour élaborer un régime collaboratif de gestion des ressources forestières pour les terres de la catégorie II.

La section de la foresterie

La section de la foresterie du Service de l’environnement et travaux de remédiation supervise la mise en oeuvre du chapitre 3 de la Paix des Braves et analyse les plans d’aménagement forestier (PAF) pour s’assurer de l’application des règles du chapitre 3 au sein d’Eeyou Istchee et des territoires Baril-Moses. Nous collaborons avec les membres des groupes de travail conjoints (GTC) cris sur la foresterie de chaque communauté en fournissant une assistance technique pour résoudre tout conflit lié à la foresterie entre les utilisateurs cris du territoire et le Québec au cours des consultations sur la foresterie.